Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/8

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Huitième partie

J’ai ri de tout mon cœur, madame, de votre colère contre mon infidèle. Vous me demandez quand viendra la suite de mon histoire ; vous me pressez de vous l’envoyer. Hâtez-vous donc, me dites-vous, je l’attends ; mais de grâce, qu’il n’y soit plus question de Valville ; passez tout ce qui le regarde ; je ne veux plus entendre parler de cet homme-là.

Il faut pourtant que je vous en parle, marquise ; mais que cela ne vous inquiète pas ; je vais d’un seul mot faire tomber votre colère, et vous rendre cet endroit de mes aventures le plus supportable du monde.

Valville n’est point un monstre comme vous vous le figurez. Non, c’est un homme fort ordinaire, madame ; tout est plein de gens qui lui ressemblent, et ce n’est que par méprise que vous êtes si indignée contre lui, par pure méprise.

C’est qu’au lieu d’une histoire véritable, vous avez cru lire un roman. Vous avez oublié que c’était ma vie que je vous racontais ; voilà ce qui a fait que Valville vous a tant déplu ; et dans ce sens-là, vous avez eu raison de me dire ; Ne m’en parlez plus. Un héros de roman infidèle ! on n’aurait jamais rien vu de pareil. Il est réglé qu’ils doivent tous être constants ; on ne s’intéresse à eux que sur ce pied-là, et il est d’ailleurs si aisé de les rendre tels ! il n’en coûte rien à la nature, c’est la fiction qui en fait les frais.

Oui, d’accord. Mais, encore une fois, calmez-vous ; revenez