Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/115

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fait un fort bon mariage ; eh ! peut-on vous demander comment elle s’appelle à cette heure ?

Mme de la Vallée, répondit pour moi Mme de Ferval ; et le père de son mari est un très honnête homme, un gros fermier qui a plusieurs enfants, et qui avait envoyé celui-ci à Paris pour tâcher d’y faire quelque chose ; en un mot, ce sont de fort honnêtes gens.

Oui certes, reprit Mme de Fécour : comment donc, des gens qui demeurent à la campagne, des fermiers ; oh je sais ce que c’est : oui, ce sont de fort honnêtes gens, fort estimables assurément ; il n’y a rien à dire à cela.

Et c’est moi, dit Mme de Ferval, qui ai fait terminer son mariage. Oui, est-ce vous ? reprit l’autre ; mais cette bonne dévote vous a obligation ; je fais grand cas de monsieur, seulement à le voir, encore un peu de votre tabac, monsieur de la Vallée ; c’est vous être marié bien jeune, mon bel enfant, vous n’auriez pu manquer de l’être quelque jour avantageusement, fait comme vous êtes, mais vous en serez plus à votre aise à Paris, et moins à charge à votre famille. Madame, ajouta-t-elle en s’adressant à Mme de Ferval, vous avez des amis, il est aimable, il faut le pousser.

Nous en avons fort envie, reprit l’autre, et je vous dirai même que lorsque vous êtes entrée, je venais de lui donner une lettre pour vous, par laquelle je vous le recommandais. M. de Fécour, votre beau-frère, est fort en état de lui rendre service, et je vous priais de l’y engager.