Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/121

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imposai, et que malgré toute la joie à laquelle je les invitais, ils ne se familiarisaient avec moi qu’avec discrétion.

J’étonnai même Mme d’Alain, qui, toute commère qu’elle était, regardait de plus près que de coutume à ce qu’elle disait. Mon éloge faisait toujours le refrain de la conversation, éloge qu’on tâchait même de tourner le plus poliment qu’on le pouvait : de sorte que je sentis que les manières avaient augmenté de considération pour moi.

Et il fallait bien que ce fût mon entretien avec ces deux dames qui me valait cela, et que j’en eusse rapporté je ne sais quel ait plus distingué que je ne l’avais d’ordinaire.

Ce qui est de vrai, c’est que moi-même je me trouvais tout autre, et que je me disais à peu de chose près, en regardant nos convives : Ce sont là de bonnes gens qui ne sont pas de ma force, mais avec qui il faut que je m’accommode pour le présent.

Je passerai tout ce qui fut dit dans notre entretien. Agathe m’y lança de fréquents regards ; j’y fis le plaisant de la table, mais le plaisant presque respecté, et j’y parus si charmant à Mme de la Vallée, que dans l’impatience de me voir à son aise, elle tira sa montre à plusieurs reprises, et dit l’heure qu’il était,