Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donnée, du voyage que je ferais le lendemain à Versailles pour porter cette lettre : je prenais mal mon temps, quelque intérêt que Mme de la Vallée prît à ce qui me regardait, rien de tout ce que je lui dis ne mérita son attention ; je ne pus jamais tirer que des monosyllabes : Oui-da, fort bien, tant mieux et puis : Viens, viens, nous parlerons de cela ici.

Je vins donc, et adieu les récits, j’oubliai de les reprendre, et ma chère femme ne m’en fit pas ressouvenir.

Que d’honnêtes et ferventes tendresses ne me dit-elle pas ! On a déjà vu le caractère de ses mouvements, et tout ce que j’ajouterai, c’est que jamais femme dévote n’usa avec tant de passion du privilège de marquer son chaste amour ; je vis le moment qu’elle s’écrierait : Quel plaisir de frustrer les droits du diable, et de pouvoir sans péché être aussi aise que les pécheurs !

Enfin nous nous endormîmes tous deux, et ce ne fut que le matin, sur les huit heures, que je repris mes récits de la veille.

Elle loua beaucoup les bonnes intentions de Mme de Ferval, pria Dieu d’être sa récompense et celle de Mme de Fécour : ensuite nous nous levâmes