Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/132

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Il fallait être moine, ou du moins prêtre ou bigote comme elle, pour être convive chez moi ; j’avais toujours quelque capuchon ou quelque soutane à ma table. Je ne dis pas que ce ne fussent d’honnêtes gens ; mais ces honnêtes gens-là ne sont pas faits pour être les camarades d’honnêtes gens comme nous, et ma maison n’était ni un couvent ni une église, ni ma table un réfectoire.

Et ce qui m’impatientait, c’est qu’il n’y avait rien d’assez friand pour ces grands serviteurs de Dieu, pendant que je ne faisais qu’une chère ordinaire à mes amis mondains et pécheurs : vous voyez qu’il n’y avait ni bon sens, ni morale à cela.

Eh bien, messieurs, je vous en dis là beaucoup, mais je m’y étais fait, j’aime la paix, et sans un commis que j’avais...

Un commis, s’écria le jeune homme en l’interrompant ; ceci est considérable.

Oui, dit-il, j’en devins jaloux, et Dieu veuille que j’aie eu tort de l’être. Les amis de mon épouse ont traité ma jalousie de malice et de calomnie, et m’ont regardé comme un méchant d’avoir soupçonné une si vertueuse femme de galanterie, une femme qui ne visitait que les églises, qui n’aimait que les sermons,