Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/134

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Je l’eus violente ; c’étaient mes domestiques qui me servaient, et c’était madame qui servait ce butor.

Monsieur est le maître, disait-elle là-dessus, il n’a qu’à ordonner pour avoir tout ce qu’il lui faut, mais ce garçon, qui est-ce qui en aura soin, si je l’abandonne ? Ainsi c’était encore par charité qu’elle me laissait là.

Son impertinence me sauva peut-être la vie. J’en fus si outré que je guéris de fureur ; et dès que je fus sur pied, le premier signe de convalescence que je donnai, ce fut de mettre l’objet de sa charité à la porte ; je l’envoyai se rétablir ailleurs. Ma béate en frémit de rage, et s’en vint comme une furie m’en demander raison.

Je sens bien vos motifs, me dit-elle ; c’est une insulte que vous me faites, monsieur, l’indignité de vos soupçons est visible, et Dieu me vengera, monsieur, Dieu me vengera.

Je reçus mal ses prédictions ; elle les fit en furieuse, j’y répondis presque en brutal. Eh ! morbleu ! lui dis-je, ce ne sera pas la sortie de ce coquin-là qui me brouillera avec Dieu. Allons, retirez-