Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/138

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ira comme il pourra, je ne suis fâché à présent que de n’en avoir donné qu’un ; quant au reste, supprimons le commentaire. Il n’y a peut-être pas tant de mal qu’on le croirait bien dans l’affaire du commis ; j’ai mes raisons pour crier. Ce commis était un sot ; ma femme a bien pu l’aimer sans le savoir elle-même, et offenser Dieu dans le fond, sans que j’y aie rien perdu dans la forme. Et en un mot, qu’il y ait du mal ou non, quand je dis qu’il y en a, le meilleur est de me laisser dire.

Sans doute, dit l’officier pour le calmer : en doit-on croire un mari fâché ? il est si sujet à se tromper ! Je ne vois moi-même, dans le récit que vous venez de nous faire, qu’une femme insociable et misanthrope, et puis c’est tout.

Changeons de discours, et sachons un peu ce que nos deux jeunes gens vont faire à Versailles, ajouta-t-il en s’adressant au jeune homme et à moi. Pour vous, monsieur, qui sortez à peine du collège, me dit-il, vous n’y allez apparemment que pour vous divertir ou que par curiosité.

Ni pour l’un ni pour l’autre, répondis-je, j’y vais demander un emploi à quelqu’un qui est dans les affaires. Si les hommes vous en refusent, appelez-en aux femmes, reprit-il en badinant.