Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/140

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donné la peine de chercher des idées, mais que vous avez pris seulement toutes les imaginations qui vous sont venues, ce qui est différent : dans le premier cas, on travaille, on rejette, on choisit ; dans le second, on prend ce qui se présente, quelque étrange qu’il soit, et il se présente toujours quelque chose ; car je pense que l’esprit fournit toujours, bien ou mal.

Au reste, si les choses purement extraordinaires peuvent être curieuses, si elles sont plaisantes à force d’être libres, votre livre doit plaire ; si ce n’est à l’esprit, c’est du moins aux sens ; mais je crois encore que vous vous êtes trompé là-dedans, faute d’expérience, et sans compter qu’il n’y a pas grand mérite à intéresser de cette dernière manière, et que vous m’avez paru avoir assez d’esprit pour réussir par d’autres voies, c’est qu’en général ce n’est pas connaître les lecteurs que d’espérer de les toucher beaucoup par là. Il est vrai, monsieur, que nous sommes