Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/176

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de Ferval. Le bel intérieur de conscience à montrer, que de misères mises au jour, et quelles misères encore ! de celles qui déshonorent le plus une dévote, qui décident qu’elle est une hypocrite, une franche friponne. Car, qu’elle soit maligne, vindicative, orgueilleuse, médisante, elle fait sa charge et n’en a pas moins droit de tenir sa morgue ; tout cela ne jure point avec l’impérieuse austérité de son métier. Mais se trouver convaincue d’être amoureuse, être surprise dans un rendez-vous gaillard, oh ! tout est perdu ; voilà la dévote sifflée, il n’y a point de tournure à donner à cela.

Mme de Ferval essaya pourtant d’en donner une et dit quelque chose pour se défendre ; mais ce fut avec un air de confusion si marqué, qu’on voyait bien que sa cause lui paraissait désespérée.

Aussi n’eut-elle pas le courage de la plaider longtemps.

Vous vous trompez, monsieur, je vous assure que vous vous trompez ; c’est fort innocemment que je me trouve ici ; je n’y suis que pour lui parler à l’occasion d’un service que je voulais lui rendre. Après ce peu de paroles, le ton de sa voix s’altéra, ses yeux se mouillèrent de quelques larmes, et un soupir lui coupa la parole.

De mon côté, je ne savais que dire ; ce nom de Jacob, qu’il m’avait rappelé, me tenait en respect, j’avais toujours peur qu’il n’en recommençât l’apostrophe ; et je ne songeais qu’à m’évader du mieux qu’il me serait possible ; car que faire là avec un rival