Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/215

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que son cher ami. Vous sentez-vous faible ? lui dis-je. Pas beaucoup, reprit-il, je ne me crois blessé qu’au bras et un peu à la main ; ce ne sera rien, je n’aurai perdu qu’un peu de sang, et j’y aurai gagné un ami qui m’a sauvé la vie.

Oh ! pardi, lui dis-je, il n’y a pas à me remercier de ce que j’ai fait, car j’y ai eu trop de plaisir, et je vous ai aimé tout d’un coup, seulement en vous regardant. J’espère que vous m’aimerez toujours, reprit-il, et nous entrions dans l’appartement de Mme d’Orville, qui nous avait précédés pour ouvrir un cabinet assez propre, où elle nous fit entrer avec le chirurgien, et où il y avait un petit lit qui était celui de la mère de cette dame.

À peine y fûmes-nous, que son mari, M. d’Orville m’envoya une petite servante d’assez bonne façon, qui me fit des compliments de sa part, et me dit que sa femme venait de lui apprendre que j’étais la personne à qui il avait tant d’obligation, qu’il ne pouvait se lever à cause qu’il était malade, mais qu’il espérait que je voudrais bien lui faire l’honneur de le voir avant que je m’en allasse.

Pendant que cette servante me parlait, Mme d’Orville tirait d’une armoire tout le linge dont on pouvait avoir besoin pour le blessé.

Dites à M. d’Orville, répondis-je, que c’est moi qui aurai l’honneur de le saluer ; que je vais dans un instant passer dans sa chambre, et que j’attends seulement qu’on ait visité les blessures de monsieur, ajoutai-je en montrant le jeune homme à qui on avait