Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/223

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J’ai oublié de vous dire qu’en la menant jusqu’à ce carrosse je l’avais priée de vouloir bien que je la revisse chez elle. Ce qu’elle m’avait accordé sans façon, et en femme du monde qui rend, sans conséquence, politesse pour politesse. Volontiers, monsieur, vous me ferez honneur, m’avait-elle répondu : À quoi elle avait ajouté tout ce qu’il fallait pour la trouver ; de sorte qu’en la quittant je la menaçai d’une visite très prompte.

Et en effet, j’y allai le lendemain ; elle me parut assez bien logée, je vis des domestiques ; il y avait du monde et d’honnêtes gens, autant que j’en pus juger ; on y joua ; j’y fus reçu avec distinction ; nous eûmes ensemble quelques instants de conversation particulière ; je lui parlai d’amour ; elle ne me désespéra pas, et elle m’en plut davantage. Nous nous entretenions encore à l’écart, quand un de ceux qui viennent de m’attaquer entra. C’est un homme entre deux âges, qui fait de la dépense, et que je crois de province ; il me parut inquiet de notre tête-à-tête ; il me sembla aussi qu’elle avait égard à son inquiétude, et qu’elle se hâta de rejoindre sa compagne.

Quelques moments après, je me retirai, et le lendemain je retournai chez elle de meilleure heure que la veille. Elle était seule, je lui en contai sur nouveaux frais.

D’abord elle badina de mon amour d’un ton qui signifiait pourtant : Je voudrais qu’il fût vrai. J’insistai pour la persuader. Mais cela est-il sérieux ?