Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/226

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Oh ! oh ! dis-je en moi-même, ceci va encore plus loin que je ne croyais ; voici du grand ; est-ce que mon ami serait un seigneur ? Il faut prendre garde à vous, monsieur de la Vallée, et tâcher de parler bon français ; vous êtes vêtu en enfant de famille, soutenez l’honneur du justaucorps, et que votre entretien réponde à votre figure, qui est passable.

Je vous rends à peu près ce que je pensai rapidement alors ; et puis je montai en carrosse, incertain si je devais y monter le premier, et n’osant en même temps faire des compliments là-dessus. Le savoir-vivre veut-il que j’aille en avant, ou bien veut-il que je recule ? me disais-je en l’air, c’est-à-dire en montant. Car le cas était nouveau pour moi, et ma légère expérience ne m’apprenait rien sur cet article ; sinon qu’on se fait des cérémonies lorsqu’on est deux à une porte, et je penchais à croire que ce pouvait être ici de même.

À bon compte je montais toujours, et j’étais déjà placé, que je songeais encore au parti qu’il fallait prendre. Me voilà donc côte à côte de mon ami de