Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je le crois bien, et Dieu sait si je m’en soucie ! mais il n’y a pas grand miracle qu’on se soutienne encore à mon âge.

Il est vrai, dit le président en badinant, que Mlle Habert rend le bel âge bien court, et que la vieillesse ne vient pas de si bonne heure ; mais laissons-là la discussion des âges.

Oui, monsieur le président, répondit notre aînée, ce n’est pas les années que je regarde à cela, c’est l’état du mari qu’elle prend ; c’est la bassesse de son choix ; voyez quel affront ce sera pour la famille. Je sais bien que nous sommes tous égaux devant Dieu, mais devant les hommes ce n’est pas de même, et Dieu veut qu’on ait égard aux coutumes établies parmi eux, il nous défend de nous déshonorer, et les hommes diront que ma sœur aura épousé un gredin, voilà comment ils appelleront ce petit garçon-là, et je demande qu’on empêche une pauvre égarée de nous couvrir de tant de honte ; ce sera même travailler pour son bien ; il faut avoir pitié d’elle, je l’ai déjà recommandée aux prières d’une sainte communauté ; M. Doucin m’a promis les siennes ; madame