Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/61

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quand elle l’a su, elle s’est tout d’un coup évanouie ; adieu ! C’était bien là un style de geôlier, comme vous voyez.

Eh ! un moment, lui criai-je en l’arrêtant, y avait-il quelqu’un pour la secourir, au moins ?

Oh ! qu’oui, me dit-il, ce ne sera rien que cela ; il y avait deux personnes avec elle. Eh ! ne vous a-t-elle rien dit ? repris-je encore. Eh pardi non ! me répondit-il, puisqu’elle avait perdu la parole ; mangez toujours en attendant mieux.

Je ne saurais, lui dis-je, je n’ai que soif, et j’aurais besoin d’un peu de vin, n’y aurait-il pas moyen d’en avoir ? Oui-da, reprit-il, donnez, je vous en ferai venir.

Après tout l’argent qu’il avait eu de moi, en tout autre lieu que celui où je me trouvais, le mot de donner aurait été ingrat et malhonnête ; mais en prison, c’était moi qui avais tort, et qui manquais de savoir-vivre.

Hélas ! lui dis-je, excusez-moi, j’oubliais de l’argent,