Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/66

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point, m’a-t-elle dit, ce ne sera rien, nous avons des amis, je le tirerai de là ; restez chez moi, je vais parler à M. le président.

Et sans perdre de temps, elle m’a quittée, et un moment après elle est revenue avec un billet du président pour M. de... (c’était un des principaux magistrats pour les affaires de l’espèce de la mienne). J’ai pris le billet, je l’ai porté sur le champ chez ce magistrat, qui, après l’avoir lu, a fait appeler un de ses secrétaires, lui a parlé à part, ensuite lui a dit de me suivre à la prison, de m’y procurer la liberté de te voir, et nous sommes venus ensemble pour savoir ce que c’est que ton affaire. Mme de Ferval m’a promis aussi de se joindre à moi, si je voulais, pour m’accompagner partout où il faudrait aller.

Le secrétaire qui nous avait quitté revint au moment que Mlle Habert finissait ce détail.

J’ai pensé juste, nous dit-il ; l’homme qu’on a amené ici ce matin est certainement l’assassin des deux personnes en question ; je viens de parler à un des archers qui l’a arrêté comme il s’enfuyait sans chapeau et sans épée, poursuivi d’une populace qui l’a vu sortir tout en désordre d’une maison que l’on dit être dans la même rue où vous avez trouvé l’embarras ; il s’est passé un espace de temps considérable avant qu’on ait pu le saisir, parce qu’il avait couru fort loin, et il a été ramené dans cette maison d’où il était sorti, et d’où, ajoute-t-on, venait de partir un autre homme qu’on y avait pris, qu’on avait déjà mené en prison, et qu’on soupçonne d’être son complice.