Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/94

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Quatrième partie

Je me rendis donc chez Mme de Ferval, et ne rencontrai dans la cour de la maison qu’un laquais qui me conduisit chez elle par un petit escalier que je ne connaissais pas.

Une de ses femmes, qui se présenta d’abord, me dit qu’elle allait avertir sa maîtresse ; elle revint un moment après, et me fit entrer dans la chambre de cette dame. Je la trouvai qui lisait couchée sur un sopha, la tête appuyée sur une main, et dans un déshabillé très propre, mais assez négligemment arrangé.

Figurez-vous une jupe qui n’est pas tout à fait rabattue jusqu’aux pieds, qui même laisse voir un peu de la plus belle jambe du monde ; (et c’est une grande beauté qu’une belle jambe dans une femme.)

De ces deux pieds mignons, il y en avait un dont la mule était tombée, et qui, dans cette espèce de nudité, avait fort bonne grâce.

Je ne perdis rien de cette touchante posture ; ce fut pour la première fois de ma vie que je sentis bien ce que valaient le pied et la jambe d’une femme ; jusque-là je les avais comptés pour rien ; je n’avais vu les femmes qu’au visage et à la taille, j’appris