Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/307

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conversation ; il loge au même hôtel, nous mangeons à la même table, je vois que tout le monde joue après dîner, il me propose d'en faire autant, je joue, je gagne d'abord, je continue par compagnie, et insensiblement je perds beaucoup, sans aucune inclination pour le jeu ; voilà d'où cela vient ; mais ne t'inquiète point, je ne veux plus jouer qu'une fois pour regagner mon argent ; et j'ai un pressentiment que je serai heureux.

PASQUIN

Ah ! Monsieur, quel pressentiment ! Soyez sûr que c'est le diable qui vous parle à l'oreille.

DAMON

Non, Pasquin, on ne perd pas toujours, je veux me remettre en état d'acheter la charge en question, afin que mon père ne sache rien de ce qui s'est passé : au surplus, c'est dans ce jardin que j'ai connu l'aimable Constance ; c'est ici où je la vois quelquefois, où je crois m'apercevoir qu'elle ne me hait pas, et ce bonheur est bien au-dessus de toutes mes pertes.

PASQUIN

Oh ! quant à votre amour pour elle, j'y consens, j'y donne mon approbation ; je vous dirai même que le plaisir de voir Lisette qui la suit a extrêmement adouci les afflictions que vous m'avez données, je n'aurais pu les supporter sans elle ; il n'y a qu'une chose qui m'intrigue : c'est que la mère de Constance, quand elle se promène ici avec sa fille, et que vous les abordez, ne me paraît pas fort touchée de votre