Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PASQUIN

Ma foi, je n'en suis pas plus content que vous ; mais vous savez donc nos aventures ?

MONSIEUR ORGON

Oui, je les sais, oui, il y a quinze jours que vous êtes ici, et il y en a autant que j'y suis ; je partis le lendemain de votre départ, je vous ai rattrapé en chemin, je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai fait observer depuis que vous y êtes ; c'est moi qui ai dit au banquier de ne délivrer à mon fils qu'une partie de l'argent destiné à l'acquisition de sa charge, et de le remettre pour le reste ; on m'a appris qu'il a joué, et qu'il a perdu. Je sors actuellement de chez ce banquier, j'y ai laissé mon fils qui ne m'y a pas vu, et qu'on va achever de payer ; mais je ne laisserai pas le reste de la somme à sa discrétion, et j'ai dit qu'on l'amusât pour me donner le temps de venir te parler.

PASQUIN

Monsieur, puisque vous savez tout, vous savez sans doute que ce n'est pas ma faute.

MONSIEUR ORGON

Ne devais-tu pas parler à Damon, et tâcher de le détourner de son extravagance ? Jouer, contre le premier venu, un argent dont je lui avais marqué l'emploi !

PASQUIN

Ah ! Monsieur, si vous saviez les remontrances que je lui ai faites ! Ce jardin-ci m'en est témoin, il m'a