Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/325

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qu'il la sente ; c'est ce qui décidera de son caractère : ce sera un peu d'argent qu'il m'en coûtera, mais je ne le regretterai point si son imprudence le corrige.

PASQUIN

Oh ! voilà qui est fait, Monsieur, je vous le garantis rangé pour le reste de sa vie, il m'a juré qu'il ne jouerait plus qu'une fois.

MONSIEUR ORGON

Comment donc ! il veut jouer encore ?

PASQUIN

Oui, Monsieur, rien qu'une fois, parce qu'il vous aime ; il veut rattraper son argent, afin que vous n'ayez pas le chagrin de savoir qu'il l'a perdu ; il n'y a rien de si tendre ; et ce que je vous dis là est exactement vrai.

MONSIEUR ORGON

Est-ce aujourd'hui qu'il doit jouer ?

PASQUIN

Ce soir même, pendant le bal qu'on doit donner ici, et où se doit trouver un certain Chevalier qui lui a gagné son argent, et qui est homme à lui gagner le reste.

MONSIEUR ORGON

C'est donc pour ce beau projet qu'il est allé chez le banquier ?

PASQUIN

Oui, Monsieur.

MONSIEUR ORGON