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Je n’en doute pas, me dit-elle, achevons.

Je vous ai dit que mon voyage était résolu, et je partis quelques jours après avec la dame dont je vous ai parlé.

J’avais été payée d’une moitié de ma pension ; et cette somme, que madame Dorfrainville avait bien voulu recevoir pour moi sur ma quittance, avait été donnée de fort bonne grâce ; madame Dursan avait même offert de l’augmenter.

Nous ne serons pas longtemps sans vous suivre, me dit-elle la veille de mon départ ; mais si, par quelque accident imprévu, vous avez besoin de plus d’argent avant que nous soyons à Paris, écrivez-moi, mademoiselle, et je vous en enverrai sur-le-champ.

Ce discours fut suivi de beaucoup de protestations d’amitié qui n’avaient qu’un défaut, c’est qu’elles étaient trop polies ; je les aurais crues vraies, si elles avaient été plus simples ; le bon cœur ne fait point de compliments.

Quoi qu’il en soit, je partis, toujours incertaine du fond de ses sentiments, et par là toujours inquiète du parti qu’elle prendrait, mais en revanche bien convaincue de la tendresse du fils.

Je ne vous en dirai que cela ; je n’ai que trop souffert du ressouvenir de ce qu’il me dit alors, aussi bien que dans d’autres temps ; il a fallu les oublier ces expressions, ces transports, ces regards, cette physionomie si touchante qu’il avait avec moi, et que je vois encore ; il a fallu n’y plus songer, et, malgré l’état que j’ai embrassé, je n’ai pas eu trop de quinze ans pour en perdre la mémoire.

C’était dans un carrosse de voiture que nous voyagions, ma compagne et moi, et nous n’étions plus qu’à vingt lieues de Paris, quand, dans un endroit où l’on s’arrêta quelque temps le matin pour rafraîchir les chevaux, il vint une dame qui demanda s’il y avait une place pour elle dans la voiture.

Elle était suivie d’une paysanne qui portait une cassette, et qui tenait un sac de nuit sous son bras. Oui, lui dit le cocher, il y a encore une place de vide à la portière.

Eh bien ! je la prendrai, répondit la dame, qui paya sur-