Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/158

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sujettes, me défend d’user de violence contre qui que ce soit.

Flaminia.

Vous avez raison. Soyez tranquille ; j’espère que tout se fera à l’amiable. Silvia vous connaît déjà, sans savoir que vous êtes le prince ; n’est-il pas vrai ?

Le Prince.

Je vous ai dit qu’un jour à la chasse, écarté de ma troupe, je la rencontrai près de sa maison ; j’avais soif, elle alla me chercher à boire ; je fus enchanté de sa beauté et de sa simplicité, et je lui en fis l’aveu. Je l’ai vue cinq ou six fois de la même manière, comme simple officier du palais ; mais quoiqu’elle m’ait traité avec beaucoup de douceur, je n’ai pu la faire renoncer à Arlequin, qui m’a surpris deux fois avec elle.

Flaminia.

Il faudra mettre à profit l’ignorance où elle est de votre rang. On l’a déjà prévenue que vous ne la verriez pas sitôt ; je me charge du reste, pourvu que vous vouliez bien agir comme je voudrai.

Le Prince.

J’y consens. Si vous m’acquérez le cœur de Silvia, il n’est rien que vous ne deviez attendre de ma reconnaissance.

(Il sort.)
Flaminia.

Toi, Trivelin, va-t’en dire à ma sœur qu’elle tarde trop à venir.

Trivelin.

Il n’est pas besoin, la voilà qui entre ; adieu, je vais au-devant d’Arlequin.