Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/162

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Lisette.

Ô dame ! veux-tu que je te dise ? Tu n’es qu’une femme ; est-ce que cela anime ? Laissons cela ; car tu m’emporterais la fleur de mon rôle. C’est pour Arlequin, n’est-ce pas ?

Flaminia.

Pour lui-même.

Lisette.

Mais, le pauvre garçon ! si je ne l’aime pas, je le tromperai ; je suis fille d’honneur, et je m’en fais un scrupule.

Flaminia.

S’il vient à t’aimer, tu l’épouseras, et cela fera ta fortune ; as-tu encore des scrupules ? Tu n’es, non plus que moi, que la fille d’un domestique du prince, et tu deviendras grande dame.

Lisette.

Oh ! voilà ma conscience en repos ; et en ce cas-là, si je l’épouse, il n’est pas nécessaire que je l’aime. Adieu ; tu n’as qu’à m’avertir quand il sera temps de commencer.

Flaminia.

Je me retire aussi ; car voilà Arlequin qu’on amène.



Scène IV

ARLEQUIN, TRIVELIN.
Trivelin.

Eh bien ! seigneur Arlequin, comment vous trouvez-vous ici ?… N’est-il pas vrai que voilà une belle maison ?

Arlequin.

Que diantre ! qu’est-ce que cette maison-là et