Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/270

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l’amuser ; de sorte que je vais toujours pleurant sans être fâché, seulement par compliment.

Lisette rit.

Ah, ah, ah, ah !

Lubin, en riant.

Eh, eh, eh ! tu en ris, j’en ris quelquefois de même, mais rarement, car cela me dérange ; j’ai pourtant perdu aussi une maîtresse, moi ; mais comme je ne la verrai plus, je l’aime toujours sans en être plus triste. (Il rit.) Eh, eh, eh !

Lisette.

Il me divertit. Adieu ; fais ta commission, et ne manque pas d’avertir monsieur le chevalier de ce que je t’ai dit.

Lubin, riant.

Adieu, adieu.

Lisette.

Comment donc ! tu me lorgnes, je pense ?

Lubin.

Oui-da, je te lorgne.

Lisette.

Tu ne pourras plus te remettre à pleurer.

Lubin.

Gageons que si… Veux-tu voir ?

Lisette.

Va-t’en ; ton maître t’attendra.

Lubin.

Je ne l’en empêche pas.

Lisette.

Je n’ai que faire d’un homme qui part demain : retire-toi.