l’on sent bien qu’elle part d’un homme qui sait sa rhétorique.
La rhétorique que je sais là-dessus, mademoiselle, ce sont vos beaux yeux qui me l’ont apprise.
Mais ce que vous me dites là est merveilleux ; je ne savais pas que mes beaux yeux enseignassent la rhétorique.
Ils ont mis mon cœur en état de soutenir thèse, mademoiselle ; et pour essai de ma science, je vais, si vous l’avez pour agréable, vous donner un petit argument en forme.
Un argument à moi ! Je ne sais ce que c’est ; je ne veux point tâter de cela. Adieu.
Arrêtez, voyez mon petit syllogisme, je vous assure qu’il est concluant.
Un syllogisme ! Eh ! que voulez-vous que je fasse de cela ?
Écoutez. On doit son cœur à ceux qui vous donnent le leur ; je vous donne le mien : ergo, vous me devez le vôtre.
Est-ce là tout ? Oh ! je sais la rhétorique aussi, moi. Tenez : on ne doit son cœur qu’à ceux qui le prennent ; assurément vous ne prenez pas le mien : ergo, vous ne l’aurez pas. Bonjour.