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dans la bibliothèque, où je vais faire de la place à ces livres.

Lubin.

Allez, allez toujours devant.



Scène II

LUBIN, LISETTE.
Lubin, un moment seul, et assis.

Ah ! pauvre Lubin ! J’ai bien du tourment dans le cœur ; je ne sais plus à présent si c’est Marton que j’aime ou si c’est Lisette ; je crois pourtant que c’est Lisette, à moins que ce ne soit Marton.

(Lisette arrive avec quelques laquais qui portent des sièges.)
Lisette.

Apportez, apportez-en encore un ou deux, et mettez-les là.

Lubin, assis.

Bonjour, m’amour.

Lisette.

Que fais-tu donc ici ?

Lubin.

Je me repose sur un paquet de livres que je viens d’apporter pour nourrir l’esprit de madame, car le docteur le dit ainsi.

Lisette.

La sotte nourriture ! Quand verrai-je finir toutes ces folies-là ? Va, va, porte ton impertinent ballot.

Lubin.

C’est de la morale et de la philosophie ; ils disent que cela purge l’âme ; j’en ai pris une petite dose, mais cela ne m’a pas seulement fait éternuer.