Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/343

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ture-ci vous détermine ; souvent il n’en faut pas davantage. J’ai ce soir affaire chez mon notaire, je pourrais vous l’amener ici, nous y souperions avec ma sœur qui doit venir vous voir ; le chevalier s’y trouverait ; vous verriez ce qu’il vous plairait de faire ; des articles sont bientôt passés, et ils n’engagent qu’autant qu’on veut ; ne me refusez pas, je vous en conjure.

La Marquise.

Je ne saurais vous répondre, je me sens un peu indisposée ; laissez-moi me reposer, je vous prie.

Le Comte.

Je vais toujours prendre les mesures qui pourront vous engager à m’assurer vos bontés.



Scène XI

LA MARQUISE, seule.

Ah ! je ne sais où j’en suis, respirons : d’où vient que je soupire ? les larmes me coulent des yeux ; je me sens saisie de la tristesse la plus profonde, et je ne sais pourquoi. Qu’ai-je affaire de l’amitié du chevalier ? L’ingrat qu’il est ! il se marie : l’infidélité d’un amant ne me toucherait point, celle d’un ami me désespère ; le comte m’aime, j’ai dit qu’il ne me déplaisait pas ; mais où ai-je donc été chercher tout cela ?



Scène XII

LA MARQUISE, LISETTE.
Lisette.

Madame, je vous avertis qu’on vient de ren-