Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/368

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affaire ; vous ne savez peut-être pas que j’en veux au cœur de Lisette, moi qui vous parle. Il est vrai qu’il m’est cruel ; mais je ne veux pas que Bourguignon aille sur mes brisées.

Silvia.

Oui ! le prenez-vous sur ce ton-là ? Et moi, je veux que Bourguignon m’aime.

Dorante.

Tu te fais tort de dire je veux, belle Lisette ; tu n’as pas besoin d’ordonner pour être servie.

Mario.

Monsieur Bourguignon, vous avez pillé cette galanterie-là quelque part.

Dorante.

Vous avez raison, monsieur ; c’est dans ses yeux que je l’ai prise.

Mario.

Tais-toi, c’est encore pis ; je te défends d’avoir tant d’esprit.

Silvia.

Il ne l’a pas à vos dépens ; et, s’il en trouve dans mes yeux, il n’a qu’à prendre.

Monsieur Orgon.

Mon fils, vous perdrez votre procès ; retirons-nous. Dorante va venir, allons le dire à ma fille ; et vous, Lisette, montrez à ce garçon l’appartement de son maître. Adieu, Bourguignon.

Dorante.

Monsieur, vous me faites trop d’honneur.