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Arlequin.

Je ferais bien ces deux besognes-là à la fois, monsieur.

Monsieur Orgon.

Point d’impatience ; adieu.



Scène III

LISETTE, ARLEQUIN.
Arlequin.

Madame, il dit que je ne m’impatiente pas ; il en parle bien à son aise, le bonhomme !

Lisette.

J’ai de la peine à croire qu’il vous en coûte tant d’attendre, monsieur ; c’est par galanterie que vous faites l’impatient ; à peine êtes-vous arrivé ! Votre amour ne saurait être bien fort ; ce n’est tout au plus qu’un amour naissant.

Arlequin.

Vous vous trompez, prodige de nos jours ; un amour de votre façon ne reste pas longtemps au berceau ; votre premier coup d’œil a fait naître le mien, le second lui a donné des forces et le troisième l’a rendu grand garçon ; tâchons de l’établir au plus vite ; ayez soin de lui, puisque vous êtes sa mère.

Lisette.

Trouvez-vous qu’on le maltraite ? Est-il si abandonné ?

Arlequin.

En attendant qu’il soit pourvu, donnez-lui seulement votre belle main blanche, pour l’amuser un peu.