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Mario.

Et que la raison y périsse.

Monsieur Orgon.

C’est-à-dire que tu veux qu’il sente toute l’étendue de l’impertinence qu’il croira faire. Quelle insatiable vanité d’amour-propre !

Mario.

Cela, c’est l’amour-propre d’une femme ; et il est tout des plus unis.



Scène V

MONSIEUR ORGON, SILVIA, MARIO, LISETTE.
Monsieur Orgon.

Paix, voici Lisette ; voyons ce qu’elle nous veut.

Lisette.

Monsieur, vous m’avez dit tantôt que vous m’abandonniez Dorante, que vous livriez sa tête à ma discrétion ; je vous ai pris au mot ; j’ai travaillé comme pour moi, et vous verrez de l’ouvrage bien fait ; allez, c’est une tête bien conditionnée. Que voulez-vous que j’en fasse à présent ? Madame me le cède-t-elle ?

Monsieur Orgon.

Ma fille, encore une fois n’y prétendez-vous rien ?

Silvia.

Non, je te le donne, Lisette ; je te remets tous mes droits, et pour dire comme toi, je ne prendrai