Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/466

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Angélique, à part.

Belle personne !

Monsieur Damis.

Tous les trésors du monde ne sont rien au prix de la beauté et de la vertu qu’elle m’apporte en mariage.

Madame Argante.

Pour de la vertu, vous lui rendez justice. Mais, monsieur, on vous attend. Vous savez que j’ai permis que nos amis se déguisassent et fissent une espèce de petit bal tantôt ; le voulez-vous bien ? C’est le premier que ma fille aura vu.

Monsieur Damis.

Comme il vous plaira, madame.

Madame Argante.

Allons donc joindre la compagnie.

Monsieur Damis.

Oserais-je auparavant vous prier d’une chose, madame ? Daignez, à la faveur de notre union prochaine, m’accorder un petit moment d’entretien avec Angélique ; c’est une satisfaction que je n’ai pas eu jusqu’ici.

Madame Argante.

J’y consens, monsieur ; on ne peut vous le refuser dans la conjoncture présente, et ce n’est pas apparemment pour éprouver le cœur de ma fille. Il n’est pas encore temps qu’il se déclare tout à fait ; il doit vous suffire qu’elle obéit sans répugnance, et c’est ce que vous pouvez dire à monsieur, Angélique ; je vous le permets, entendez-vous ?

Angélique.

J’entends, ma mère.