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Trivelin.

Oui, madame. (Il sort.)



Scène XVII

LA FÉE, SILVIA.
La Fée, un moment seule.

Est-il d’aventure plus triste que la mienne ? Je n’ai lieu d’aimer plus que je n’aimais, que pour en souffrir davantage ; cependant il me reste encore quelque espérance ; mais voici ma rivale. (À Silvia.) Approchez, approchez.

Silvia.

Madame, est-ce que vous voulez toujours me retenir de force ici ? Si ce beau garçon m’aime, est-ce ma faute ? Il dit que je suis belle ; dame ! je ne puis pas m’empêcher de l’être.

La Fée, avec fureur, à part.

Oh ! si je ne craignais de tout perdre, je la déchirerais. (Haut.) Écoutez-moi, petite fille ; mille tourments vous sont préparés, si vous ne m’obéissez.

Silvia.

Hélas ! vous n’avez qu’à dire.

La Fée.

Arlequin va paraître ici ; je vous ordonne de lui dire que vous n’avez voulu que vous divertir avec lui, que vous ne l’aimez point, et qu’on va vous marier avec un berger du village. Je ne paraîtrai point dans votre conversation, mais je serai à vos côtés sans que vous me voyiez, et si vous n’observez mes ordres avec la dernière rigueur, s’il vous