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Scène III

ARLEQUIN, BLAISE, DORANTE, LISETTE.
Lisette.

Monsieur, je ne sais pas comment vous l’entendez ; mais votre tranquillité m’étonne ; et si vous n’y prenez garde, ma maîtresse vous échappera. Je puis me tromper ; mais j’en ai peur.

Dorante.

Je le soupçonne aussi, Lisette ; mais que puis-je faire pour empêcher ce que tu me dis là ?

Blaise.

Mais, morgué ! ça se confirme donc, Lisette ?

Lisette.

Sans doute. Le chevalier ne la quitte point ; il l’amuse, il la cajole, il lui parle tout bas ; elle sourit. À la fin le cœur peut s’y mettre, s’il n’y est déjà ; et cela m’inquiète, monsieur ; car je vous estime. D’ailleurs, voilà un garçon qui doit m’épouser, et si vous ne devenez pas le maître de la maison, cela nous dérange.

Arlequin.

Il serait désagréable de faire deux ménages.

Dorante.

Ce qui me désespère, c’est que je n’y vois point de remède ; car la comtesse m’évite.

Blaise.

Mordi ! c’est pourtant mauvais signe.

Arlequin.

Et ce misérable Frontin, que te dit-il, Lisette ?