Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/496

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Lisette.

C’est Dorante qui me quitte, madame.

La Comtesse.

C’est lui dont je voulais te parler. Que dit-il, Lisette ?

Lisette.

Mais il dit qu’il n’a pas lieu d’être content, et je crois qu’il dit assez juste. Qu’en pensez-vous, madame ?

La Comtesse.

Il m’aime donc toujours ?

Lisette.

Comment ? s’il vous aime ! Vous savez bien qu’il n’a point changé. Est-ce que vous ne l’aimez plus ?

La Comtesse.

Qu’appelez-vous, plus ? Est-ce que je l’aimais ? Dans le fond, je le distinguais, voilà tout ; et distinguer un homme, ce n’est pas encore l’aimer, Lisette ; cela peut y conduire, mais cela n’y est pas.

Lisette.

Je vous ai pourtant entendu dire que c’était le plus aimable homme du monde.

La Comtesse.

Cela se peut bien.

Lisette.

Je vous ai vue l’attendre avec empressement.

La Comtesse.

C’est que je suis impatiente.

Lisette.

Être fâchée quand il ne venait pas.

La Comtesse.

Tout cela est vrai. Nous y voilà : je le distin-