Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/544

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à Paris, la mijaurée et li, dans l’intention de porter dommage à noute enfant, qui va choir en confusion de cette malice ; car ça n’est rien qu’un micmac pour affronter noute bonne renommée et la vôtre, madame, se gobarger de nous trois. C’est touchant ça que je venons vous demander justice.

La Comtesse.

Il faudra bien tâcher de vous la faire. Chevalier, ceci change les choses ; il ne faut plus que Frontin y songe. Allez, Lisette, ne vous affligez pas ; laissez la marquise proposer tant qu’elle voudra ses Martons ; je vous en rendrai bon compte. Oui, je n’en doute pas, c’est cette femme-là, que je ménageais tant, qui m’attaque par cette manœuvre. Dorante n’y a d’autre part que sa complaisance ; mais peut-être me reste-t-il encore plus de crédit sur lui qu’elle ne se l’imagine. Ne vous embarrassez pas.

Lisette.

Arlequin vient de me traiter avec une indifférence insupportable ; il semble qu’il ne m’ait jamais vue. Voyez de quoi la marquise se mêle !

Blaise.

Empêcher qu’une fille ne soit la femme du monde !

La Comtesse.

On y remédiera, vous dis-je.

Frontin.

Oui ; mais le remède ne me vaudra rien.

Le Chevalier.

Comtesse, je vous écoute ; mais l’oreille vous entend, et l’esprit né vous saisit point ; jé né vous conçois pas. Venez çà, Lisette ; tirez-nous cetté bizarre aventure au clair. N’êtes-vous pas éprise dé Frontin ?