Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/63

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il n’y a pas de police ; on punit tous les jours de pauvres voleurs, et en laisse aller et venir les parfides. Mais velà ton maître, parle-li.

Jacqueline.

Non ; il a la face triste, c’est peut-être qu’il rêve aux femmes ; je sis d’avis que j’attende que ça soit passé. Va, va, il y a bonne espérance, pisque ta maîtresse est arrivée, et qu’alle a dit qu’alle li en parlerait.



Scène II

LÉLIO, ARLEQUIN, tous deux d’un air triste.
Lélio.

Le temps est sombre aujourd’hui.

Arlequin.

Ma foi, oui, il est aussi mélancolique que nous.

Lélio.

Oh ! on n’est pas toujours dans la même disposition ; l’esprit, aussi bien que le temps, est sujet à des nuages.

Arlequin.

Pour moi, quand mon esprit va bien, je ne m’embarrasse guère du brouillard.

Lélio.

Tout le monde est assez de même.

Arlequin.

Mais je trouve toujours le temps vilain, quand je suis triste.