Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/171

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Marton.

Nous n’en devons rien craindre non plus, monsieur. Allez, ne vous inquiétez point ; c’est un galant homme, et si la mère n’en est pas contente, c’est un peu de sa faute. Elle a débuté tantôt par le brusquer d’une manière si outrée, l’a traité si mal, qu’il n’est pas étonnant qu’elle ne l’ait point gagné. Imaginez-vous qu’elle l’a querellé de ce qu’il était bien fait.

Le Comte.

Ne serait-ce point lui que je viens de voir sortir d’avec vous ?

Marton.

Lui-même.

Le Comte.

Il a bonne mine, en effet, et n’a pas trop l’air de ce qu’il est.

Marton.

Pardonnez-moi, monsieur ; car il est honnête homme.

Le Comte.

N’y aurait-il pas moyen de raccommoder cela ? Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer, et, pour achever de la résoudre, il ne s’agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. Elle ne voudra pas soutenir l’embarras d’un procès. Parlons à cet intendant. S’il ne faut que de l’argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l’épargnerai pas.

Marton.

Oh ! non ! ce n’est point un homme à mener par là, c’est le garçon de France le plus désintéressé.