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Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/289

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La comtesse.

Vous me scandalisez, vous dis-je. Vous êtes mon parent malheureusement, mais je ne m’en vanterai point. N’avez-vous pas de honte ? Vous parlez de votre fortune, je la connais ; elle vous met fort en état de supporter le retranchement d’une aussi misérable somme que celle dont il s’agit, et qui ne peut jamais être que mal acquise. Ah ! ciel ! moi qui vous estimais ! Quelle avarice sordide ! Quel cœur sans sentiment ! Et de pareils gens disent qu’ils aiment ! Ah ! le vilain amour ! Vous pouvez vous retirer ; je n’ai plus rien à vous dire.

Le Marquis, brusquement.

Ni moi non plus rien à entendre. Le billet va partir ; vous avez encore trois heures à entretenir Hortense, après quoi j’espère qu’on ne vous verra plus.

Le Chevalier.

Monsieur, le contrat signé, je pars. Pour vous, comtesse, quand vous y penserez bien sérieusement, vous excuserez votre parent et vous lui rendrez plus de justice. (Il sort.)

La comtesse.

Oh ! non ; voilà qui est fini, je ne saurais le mépriser davantage.



Scène XIX

LE MARQUIS, LA COMTESSE.
Le Marquis.

Eh bien ! suis-je assez à plaindre ?