Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/353

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Dorante, vivement.

Ergaste est un extravagant ; la tête lui tourne ; cet esprit-là ne fera pas bonne fin.

Lisette.

Lui ? je ne lui donne pas six mois sans avoir besoin d’être enfermé.

Dorante.

Parlez, madame ; car je suis piqué ; c’est votre sincérité que j’interroge. Vous êtes-vous jamais présentée nulle part, au spectacle, en compagnie, que vous n’ayez fixé les yeux de tout le monde, qu’on ne vous y ait distinguée ?

La Marquise.

Mais… qu’on ne m’ait distinguée…

Dorante.

Oui, madame, oui ; je m’en fierai à ce que vous en savez ; je ne vous crois pas capable de me tromper.

Lisette.

Voyons comment madame se tirera de ce pas-ci : il faut répondre.

La Marquise.

Eh bien ! j’avoue que la question m’embarrasse.

Dorante.

Eh ! morbleu ! madame, pourquoi me condamnez-vous donc ?

La Marquise.

Mais cet Ergaste ?