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Scène V

DORANTE, LISETTE.
Lisette.

Puisque nous voici seuls un moment, parlons encore de votre amour, monsieur. Vous m’avez fait de grandes promesses en cas que les choses réussissent ; mais comment réussiront-elles ? Angélique est une héritière, et je sais les intentions de la mère. Quelque tendresse qu’elle ait pour sa fille, qui vous aime, ce ne sera pas à vous à qui elle la donnera ; c’est de quoi vous devez être bien convaincu ; or, cela supposé, que vous passe-t-il dans l’esprit là-dessus ?

Dorante.

Rien encore, Lisette. Je n’ai jusqu’ici songé qu’au plaisir d’aimer Angélique.

Lisette.

Mais ne pourriez-vous pas en même temps songer à faire durer ce plaisir ?

Dorante.

C’est bien mon dessein ; mais comment s’y prendre ?

Lisette.

Je vous le demande.

Dorante.

J’y rêverai, Lisette.