Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/40

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Frontin.

Tiens, disons-nous quelques injures pour mettre un peu de rancune entre l’amour et nous : je te trouve laide, par exemple. Eh bien ! tu ne souffles pas !

Lisette, riant.

Bon ! c’est que tu n’en crois rien.

Frontin.

Quoi ! vous pensez, ma mie… Morbleu ! détourne ton visage, il fait peur à mes injures.

Lisette.

Je ne sais plus ce que sont devenues toutes les laideurs du tien.

Frontin.

Nous nous ruinons, ma fille.

Lisette.

Allons, ranimons-nous, voilà qui est fini : tiens, je ne saurais te souffrir.

Frontin.

Quelqu’un vient, je n’ai pas le temps de m’acquitter, mais vous n’y perdrez rien, petite fille.



Scène IV

LISETTE, FRONTIN, PHÉNICE.
Phénice.

Je suis bien aise de vous trouver là, Frontin, surtout avec Lisette, qui rendra compte à ma sœur de ce que je vais vous dire : voici plusieurs fois dans ce jour que j’évite Damis, qui s’obstine