Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/490

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Lucidor.

Vos façons de parler me font tant de plaisir, que j’en oublie presque ce que j’ai à vous dire.

Angélique.

Comment faire ? Vous oublierez donc toujours, à moins que je ne me taise ; je ne connais point d’autre secret.

Lucidor.

Je n’aime point ce secret-là ; mais poursuivons. Il n’y a encore environ que sept semaines que je suis ici.

Angélique.

Y a-t-il tant que cela ? Que le temps passe vite ! Après ?

Lucidor.

Et je vois quelquefois bien des jeunes gens du pays qui vous font la cour. Lequel de tous distinguez-vous parmi eux ? Confiez-moi ce qui en est comme au meilleur ami que vous ayez.

Angélique.

Je ne sais pas, monsieur, pourquoi vous pensez que j’en distingue. Des jeunes gens qui me font la cour ! Est-ce que je les remarque ? est-ce que je les vois ? Ils perdent donc bien leur temps.

Lucidor.

Je vous crois, Angélique.

Angélique.

Je ne me souciais d’aucun quand vous êtes venu ici ; et je ne m’en soucie pas davantage depuis que vous y êtes, assurément.