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Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/506

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Scène XV

LUCIDOR, FRONTIN, ANGÉLIQUE, LISETTE, MADAME ARGANTE.
Madame Argante.

Approchez, mademoiselle, approchez ; n’êtes-vous pas bien sensible à l’honneur que vous fait monsieur, de venir vous épouser, malgré votre peu de fortune et la médiocrité de votre état ?

Frontin.

Rayons ce mot d’honneur ; mon amour et ma galanterie le désapprouvent.

Madame Argante.

Non, monsieur ; je dis la chose comme elle est. Répondez, ma fille.

Angélique.

Ma mère…

Madame Argante.

Vite donc !

Frontin.

Point de ton d’autorité, sinon je reprends mes bottes et monte à cheval. (À Angélique.) Vous ne m’avez pas encore regardé, fille aimable ; vous n’avez point encore vu ma personne ; vous la rebutez sans la connaître ; voyez-la pour la juger.

Angélique.

Monsieur…

Madame Argante.

Monsieur !… ma mère ! Levez la tête.