Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/94

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Phénice, riant.

Damis, que dites-vous de cette aventure-ci ?

Damis.

Je dis, madame,… que je viens d’être surpris à vos genoux.

Phénice.

Il me semble que vous en êtes devenu tout triste.

Damis.

Il me paraît que vous n’en êtes pas trop gaie.

Phénice.

J’ai d’abord été étourdie, je vous l’avoue ; mais je me suis remise en vous voyant fâché ; votre chagrin m’a rassurée contre la comédie que vous avez jouée tout à l’heure. Vous vous seriez bien passé de l’opinion que vous venez de donner de vos sentiments, n’est-il pas vrai ? Il n’y a en vérité rien de plus plaisant ; car, après ce qu’on vient de voir, qui est-ce qui ne gagerait pas que vous m’aimez ?

Damis, d’un ton vif.

Eh bien ! madame, on gagnerait la gageure ; je ne me dédirai pas, et ne me perdrai point d’honneur.

Phénice, riant.

Quoi ! votre amour tient bon !

Damis.

Je me sacrifierais plutôt.

Phénice.

Je vous trouve encore un peu l’air de victime.