pour moderniser l’armée, son activité parlementaire, consacrée dès le début de la guerre aux besoins de la défense nationale, sont bien connus. Son départ apparaît comme une catastrophe à la majorité des citoyens. Le déjà ex-ministre de la Guerre parle, le visage un peu pâle sous la barbe grisonnante. Il parle de son œuvre et de ce qu’il croit être le devoir actuel de l’armée. De la tribune des journalistes où je suis, on entend fort mal. Je sors de la salle pour aller occuper une place au haut de l’hémicycle. Déjà la nouvelle de la démission de Goutchkov s’est répandue dans les couloirs. Des soldats groupés la commentent d’un air consterné. Un « poilu » dont les bottes et les habits sont encore maculés de la boue des tranchées et qui porte sous le bras un énorme paquet de feuilles de propagande en faveur de l’action patriotique, hoche tristement la tête en gémissant :
— Quel malheur ! Quel malheur !
Un gradé, entouré d’une dizaine de soldats, donne des témoignages d’une violente colère. Je m’approche. Les soldats s’écartent. Je me trouve face à face avec le gradé. À quelques