Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LA RÉVOLUTION RUSSE

Un colonel qui se trouve là l’apostrophe en plaisantant :

— Peur ? quelle bêtise ! Nous allons partir tout de suite !

Et l’on monte dans le tramway.

Une station plus loin, une nuée de gamins accourt et veut arracher le trolley des fils. Le colonel et M. Michel leur font lâcher prise. Le tramway repart. Les voyageurs ont tiré de l’argent de leurs poches pour leur billet, mais la receveuse refuse de le prendre. Elle invective le wattman :

— Pourquoi es-tu parti ? Est-ce que tu n’as pas été assez battu ? Moi, j’ai déjà reçu des coups et j’ai peur !…

Le pont du Palais traversé, le tram s’arrête, cette fois pour ne plus repartir.

Quelques chocs ont eu lieu ce matin entre la population et les agents. Il y a déjà, dit-on, des victimes des deux côtés.

Nous voici à l’entrée de la Newsky. Le beau temps continue, et la foule est nombreuse, comme la veille. Comme la veille encore, c’est à Notre-Dame de Kazan que l’intérêt, commence. Presque tous les magasins sont ouverts. La foule promeneuse déborde des