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LA RÉVOLUTION RUSSE

les policiers qui essayent de trouver un abri dans les maisons. C’est à eux, surtout, que le peuple en veut. Il n’y a pas, en Russie, d’institution plus haïe que celle de la police.

« Vous ne trouverez qu’une chose parfaitement organisée chez nous, me dit une journaliste libérale, à mon arrivée en Russie : c’est la police. La police est l’agent indispensable de notre gouvernement. Par elle s’exerce l’espionnage intérieur. Ses dénonciations incessantes, ses provocations odieuses ont rempli les prisons, peuplé les bagnes sibériens, fait exiler des milliers d’hommes, sans compter ceux qu’elle a réussi à supprimer tout à fait. Rappelez-vous ce conspirateur romain qui, voulant dicter une ligne de conduite à l’envoyé de ses complices, le conduisit dans son jardin et abattit devant lui, sans mot dire, les plus hautes têtes de pavots. La police politique russe a profité de cet enseignement hautain. Elle a émasculé la Russie en la privant de ses plus nobles intelligences. Si nous avons perdu la Galicie, si nous sommes en train de perdre la Pologne, si nos arsenaux sont vides, nos services désor-