après de telles émotions que l’on perce jusqu’au fond l’odieux des vengeances anonymes, l’injustice des arrêts immédiats et sommaires, des répressions spontanées dont rien ne modère l’arbitraire et ne tempère la rigueur !
De plus en plus, la rue prend un aspect révolutionnaire et guerrier. Les automobiles arborent le drapeau rouge. Tous sont armés d’une mitrailleuse et chargés à l’excès de soldats avant des bandes de mitrailleuses autour de la ceinture et en travers des reins. Des autos-canons, à la couleur révolutionnaire, transportent d’un point à l’autre des soldats armés, au milieu des ovations de la foule.
Cette foule n’est nullement effrayée. Ce n’est pas contre elle, mais pour elle que se fait la révolution. Elle n’a qu’une balle égarée à craindre. Aussi elle vague par les rues, stationne devant les cours, l’air heureux et confiant. Dispersée par le tir d’un fusil ou le tac-tac d’une mitrailleuse, elle revient vite à ses postes d’observation.
— Si la révolution ne nous coûte que deux ou trois mille victimes, elle ne sera pas trop