foule pour l’inviter au calme. Ils désarment les tout jeunes gens qui ont dérobé çà et là des fusils, des revolvers ou des sabres et qui présentent un réel danger pour la population paisible. Deux ont été désarmés sous nos fenêtres, à la satisfaction générale et malgré une assez forte résistance.
Curieuse à noter vraiment, cette espèce d’apostolat, bien conforme à l’étrange tempérament russe et qui s’exerce jusque sous les balles. De véritables compagnies de « modérateurs » parcourent les rues, désarmant les très jeunes gens, apaisant les exaltés, tâchant d’arrêter le pillage des maisons et des caves, ou de mettre un frein à l’orgie après.
Accompagnée de mon secrétaire, je me risque jusqu’à la prison. Elle brûle en crépitant. Les passeports, si haïs en temps de paix, les ordres d’écrou, toute la paperasse criminaliste ou politique s’envole en papillons noirs striés de fils d’or, et retombe en une pincée de cendre… Formidable puissance d’un peuple révolté qui peut anéantir en une heure le travail avéré ou secret de plusieurs siècles de recherches et de délations !…
À la hâte et sans discernement, le peuple,