De menaçants autos la parcourent encore. Des fusillades crépitent au fond des rues que nous évitons soigneusement. La recherche des policiers continue dans les greniers, dans les cours, et jusque dans les appartements privés. Tout à coup, sinistre rencontre : un traîneau plat sur lequel a été jeté un corps nu, recouvert d’un drap blanc. Les jambes dépassent un peu et les pieds nus traînent sur la neige. Un renflement du drap sur la poitrine permet de supposer qu’il y a là-dessous une tête coupée. Des taches de sang maculent la misérable enveloppe. C’est, sans doute, la dépouille de quelque policier que l’on emporte vers je ne sais quel dépôt funèbre…
À certains carrefours, où des combats plus acharnés se livrèrent, les murs sont criblés de traces de balles ; une fermeture en planches hâtivement posée remplace les glaces brisées des devantures ; les vitres, étoilées par le passage d’un projectile, sont consolidées tant bien que mal avec des ronds en papier. Pas un vitrier ne consentirait à les remplacer aujourd’hui, et qui sait si l’on n’achèvera pas de les briser demain ?