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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

d’une grande activité et d’une étonnante puissance de travail. Mais il a beaucoup abusé de ses forces et le surmenage auquel il s’est contraint a déjà mis une fois sa vie en péril. L’année dernière, après une opération suivie d’un assez long repos en Finlande, les médecins s’accordèrent à lui recommander les plus grands ménagements. La propagation de ses idées socialistes et ce qu’il considérait comme le seul moyen de sauver son pays, la révolution, lui ont fait négliger de si précieux avis. Depuis le 23 février, il passe une partie de ses jours et de ses nuits à la Douma, le reste du temps à haranguer le peuple. Il a eu l’autre jour, à la Douma, un long évanouissement causé par la faiblesse et l’insomnie. Chose extraordinaire : tous les libéraux de Pétrograd, à quelque nuance qu’ils appartiennent, ont mis aujourd’hui leur confiance en lui ; les uns parce qu’il est un merveilleux entraîneur d’hommes, les autres parce qu’ils ont foi en sa sagesse et en sa modération. Il sait, au moyen d’habiles concessions, céder aux nécessités du moment, sans transiger avec ses principes. Il est à la fois un grand socialiste et un patriote convaincu.